Dans la série « 3615 my life », il y a un truc que la plupart des gens ne savent pas sur moi : c’est que j’ai passé les premiers mois de ma vie à Hong Kong (alors colonie britannique) avant que mes parents ne viennent s’installer en France et avant que je passe la plus grande partie de ma vie à côté de Paris (ce qui fait de moi une immigrée de 1er génération). Voilà pourquoi je parle – enfin baragouine – le cantonais, et voilà pourquoi je me considère quelque part comme une ouaille de la reine d’Angleterre.
Que « God save the queen » et la garde en bonne santé encore des années et des années.
C’est une femme en titane, qui, bon gré, mal gré, représente son pays depuis SOIXANTE ans. Bordel : 60 ans, quoi !
Certains vont me dire « mais c’est une monarchie ! c’est un modèle de gouvernement archaïque ! » Je ne suis pas du tout monarchiste/royaliste/stéphaneberniste – l’idée qu’il y ait une personne élue par une quelconque divinité pour diriger du peuple me fait rire. Dans ce cas-là, tous mes achats compulsifs sont également dictés par un être supérieur (dans ma tête) ^^
Il faut bien voir que son rôle est purement représentatif et moral (on a bien notre « Marianne », symbole de l’esprit révolutionnaire aka chiant des français), que la famille royale rapporte plus au Royaume-Uni qu’elle ne leur coûte et que les britanniques aiment leur Reine solide comme un roc, coiffée de chapeaux improbables et colorée comme un bonbon… anglais.
Quand j’étais petite, ma mère nous amenait régulièrement sur le boulevard Haussmann. Elle se rinçait l’œil aux Galeries Lafayette (les chats ne font pas des chiens, hein). Faire du lèche vitrine ne coûte pas un cent et cela lui permettait de s’échapper du quotidien difficile de l’immigrée déracinée. Dans les années 80, on n’avait pas autant accès aux produits exotiques qu’aujourd’hui ; appeler à l’international coûtait un bras, Internet n’existait pas et les services postaux, ben, ils étaient ce qu’ils étaient. Alors, oui, faire un tour dans les grands magasins pour rêver un peu donnait vraiment un bon coup de pied au cul quand le quotidien était difficile – cela reste encore vrai aujourd’hui. Si j’aime autant le boulevard Haussmann, c’est de la faute à môman
Nous, les enfants, on avait le droit de prendre quelques cookies et sucreries anglaises au rayon alimentation de Mark and Spencer. Je me rappelle des escalators entre les étages et l’agencement des différents rayons du magasin. Depuis le retrait de l’enseigne de la France entière, le Lafayette maison et un Zara ont remplacé ce temple de la consommation britannique au bd Haussmann. J’ai fait la danse de la victoire quand j’ai su que Mark and Spencer revenait en France. Par contre, en quittant l’hexagone, l’enseigne a vendu tous ses beaux emplacements commerciaux et elle est en galère actuellement pour retrouver leur équivalent. Résultat : un seul magasin ouvert sur les Champs Élysées.
Je déteste ce quartier de Paris : trop de touristes, trop de bling bling, trop nouveau riche, trop parade militaire du 14 juillet… Je n’ai pas mis les pieds sur la soi-disante plus belle avenue du monde depuis au moins 8 ans. C’est par un concours de circonstances que j’ai finalement visité le nouveau magasin M&S samedi dernier. Le concours de circonstance dindesque était :
« j’ai 20% chez sépho et ce bon expire ce samedi même »
+ « le masque soin-nuanceur de couleur de Christophe Robin n’est disponible que dans le sépho des Champs -Élysées »
+ « pas envie de payer des frais de port sur l’e-shop pour un seul produit »
(donc j’ai des achats séphoresques à vous montrer) (en plus j’ai vu qu’il y avait un corner mac) (zou, j’ai bénéficié de 20% sur les produits Mac de ma liste d’avril)
Je n’ai pas regardé les sapes, toujours trop classiques à mon goût. J’ai juste foncé dans le minuscule corner alimentation du magasin. Je n’ai pas cherché le rayon beauté – c’est pour la prochaine fois, je fais durer le plaisir. Ma cible du jour était : LA BOUFFE, LA BOUFFE, LA BOUFFE !!!
J’ai juste été un peu déçue de l’offre disponible mais il y avait l’essentiel : des chips, des cookies, des sandwichs de pain de mie – 1000 fois meilleurs que les horribles imitations de sandwich que l’on trouve dans les supermarchés et les stations d’autoroute.
Je suis repartie avec un cochon en chocolat rose, un gâteau victoria que j’adore et que Titi trouve dégueux, une boite de shortbread que je vais recycler en boîte de rangement dindesque et, bien entendu, mon sandwich omelette-cresson et d’autres trucs pour le déjeuner. Avec Kinécat, on s’est installées sur un ban derrière le théâtre du rond-point pour pique-niquer. A la première bouchée, un tsunami de souvenirs d’enfance a déferlé dans mon petit cœur de dinde Finalement, le bonheur, c’est simple comme des œufs, du cresson et un coleslaw crémeux au cheddar
Bonne journée, la bise !

